- Eliott Lawton
Relationner avec ses choix est-il bien différent que choisir ses relations ?
Dès lors que nous apparaissons dans ce monde, nous sommes amenés à nous connecter à ce qui nous entoure. Cela peut prendre une multitude de formes. Au fond qu’est-ce qu’une relation ? Et comment se donner l’opportunité de vivre l’expérience de l’art de relationner avec ce qui nous entoure ?

Il semble évident que pour pouvoir parler de relation, il faut d’abord parler de dualité. Si je ne vois qu’une seule entité globale dont je fais partie, il n’y a pas de relation possible. En revanche, en prenant le même exemple tout en portant le regard à une plus petite échelle, je peux alors observer des subdivisions d’entités qui relationnent. C’est un peu comme passer d’une vision à travers laquelle je vois l’humanité toute entière à un point de vue de ce que je suis « moi » dans cette humanité.
La relation met donc en lumière la diversité. C’est parce que nous sommes différents que nous évoluons sur des chemins, parfois parallèles ou bien qui se rencontrent, qu’il nous est permis d’entrer en relation.
Cette même diversité est d’ailleurs un des moteurs de ce qui nous pousse à porter de l’intérêt pour l’autre. A travers le prisme de la curiosité, de la découverte et/ou de l’innocence, nous sommes amenés à suivre les élans qui nous emmèneront à expérimenter les relations de la vie.
Tout cela nous amène alors à réfléchir sur la nature même de notre lien au monde et sur ce qu’il peut apporter dans notre monde. Il est parfois difficile d’arriver à séparer certains désirs. Ne t’est-il jamais arrivé d’avoir en même temps envie d’être seul et en même temps de partager un moment accompagné ? Moi souvent ! En y regardant de plus près, ce genre d’ambivalence que nous réserve la vie représente à mes yeux la mise en lumière de plusieurs désirs qui, dans un premier temps, semblent s’opposer. Cela reste la majeure partie du temps gérable car une solution que l’être humain a développée au cours du temps est la prise de conscience des possibilités qu’offrent le choix. A ceci ajoutons également l’apport de la prise de position dans l’élan vers lequel nous pouvons nous lancer. Certes, ces dernières phrases sont un peu pompeuses. Même si je désire les laisser intactes, je vais prendre le temps de les développer un peu.
Chaque être vivant est amené à faire des choix et ces derniers se font en rapport direct avec une vision duelle du monde.
J’ai des préférences, j’ai une idée de ce que j’apprécie dans le monde ou encore je suis en lien avec mon désir du moment. Tous ces positionnements de vies représentent des informations que notre cerveau va prendre en compte dans la démarche de prendre la décision de faire ou ne pas faire. Alors oui, il est vrai que le monde n’est pas entièrement blanc ou noir, et en même temps, si l’on isole seulement certaines parts de ce qui le compose, il me semble aisé de voir que les dualités font partie intégrante de ce grand tout mais également qu’elles sont partout.
Il est alors possible de voir la relation de la même manière. Loin de moi l’idée de dire que j’aimerais réduire la vision de la relation à un simple point de vu duel, et pourtant, certains aspects de cette dernière peuvent, à mon sens, se contenter de ce type d’observation. Il m’est par exemple arrivé plus d’une fois de me retrouver dans une situation où l’on m’avait invité lors d’une soirée. Et lorsque je me suis retrouvé sur le départ, me demandant si j’avais envie d’y aller ou pas, la réponse que j’attendais de cette réflexion était assez fermé : c’est oui ou bien c’est non (tiens ça me rappelle une chanson). Ce n’est pas la question qui me poussa à me poser une multitude d’autres interrogations mais plutôt la réponse.
Oscar Wilde disait : « les questions ne sont jamais indiscrètes, les réponses le sont parfois ».
Revenons maintenant à la relation. Dès lors que je prends conscience des choix qui s’offrent à moi, une nouvelle vision du monde s’ouvre à moi : celle du choix de l’expérience de ce que je veux vivre. Cela peut toutefois être une chose à part que de se poser ce genre de question quand cela concerne une ou plusieurs autres personnes. Même lorsque je suis connecté à cette petite voix dans ma tête, celle de mes désirs à l’état pur qui me guident d’une manière juste et directe, il est tout de même possible de ne pas se sentir pleinement dans la relation à l’autre. J’ai beaucoup entendu dire qu’il était impossible de penser et de vivre à la fois. Je suis complètement opposé à cette manière de voir les choses car je considère que la pensée est une forme de vie, d’ailleurs la pensée est en vie. Mais alors, comment faire pour que mes pensées ne soient pas un obstacle à ce que je suis en train de vivre ?
Nous évoluons dans un monde qui dispose de deux piliers fondamentaux sur le plan physique : le temps et l’espace. La tête a tendance parfois / souvent à oublier ce référentiel car elle-même n’évolue pas dans ce cadre. C’est mon corps et mon être qui font que ma pensée s’incarne dans ce monde, pas ce qui la constitue. De plus, cette dernière est une image collée à la réalité mais hors du temps et de l’espace. Je peux transformer l’espace à travers mes projections et les rendre intemporelles. Il me semble, suite à cela, difficile de penser que la tête dispose d’un référentiel suffisamment affiné pour pouvoir disposer d’une vérité absolue. Et donc, par extension, il me semble complètement irrationnel de mettre ma tête en centre du processus de décision en ce qui concerne l’expérience de ce que je vis.
Il ne faut pas oublier que les fondations de ce qui forme notre mental sont une multitude d’expériences vécues à travers le temps et l’espace, et dont s’est emparée notre tête pour l’adapter et le transformer en un code intelligible pour elle.
A mes yeux, la tête et la pensée a pour but premier de tirer des conclusions de ce qui m’est déjà arrivé pour m’aider à disposer de plus d’informations qui me permettront de me positionner plus facilement concernant ce qui pourrait m’arriver. Changer la nature de la relation interne que nous pouvons avoir avec les différentes parts de nous est un moyen de transformer la nature de l’expérience que chacun.e peut vivre.
Et maintenant avec tout ça, qu’est-ce que je fais ? Et bien vis, expérimente, ose mais surtout écoute. Ecoute-toi, écoute l’autre, écoute le monde. Ouvre ton cœur et laisse lui la parole, lui ne se trompe jamais. Alors non, à mes yeux, choisir ses relations n’est pas bien différent de relationner avec ses choix ; car c’est le lien qui nous unit et qui nous différencie, mais c’est surtout la relation qui fait la vie.
Je te souhaite le meilleur, peu importe où cela te mènera.